Fascinée par les traits du visage, aussi bien humain que sculpté, Carina Lacerda ajoute des seins à ses pièces, une forme de protestation à l’encontre du chauvinisme masculin qu’elle a dû affronter lorsqu’elle est entrée dans l’univers de l’atelier.
“Je me sentais sans importance. Ils pensaient que, étant une femme, je refuserais d’aller dans la forêt pour rapporter du bois lourd, du charbon ou du sable. Ces activités pourraient me blesser, me faire me casser un ongle… Ils pensaient également que mon intérêt pour la sculpture était éphémère.”
En raison de la difficulté à acheter des matières premières de qualités comme celles utilisées par les autres membres de l’atelier, l’artiste, telle un oiseau de proie, a commencé à récupérer le bois laissé de côté par les autres artistes et celui qu’elle trouvait abandonné.
“Pour moi, ces arbres sont les êtres les plus évolués de la planète. Ils effectuent l’échange gazeux, nous offre leurs fruits ainsi qu’une ombre fraiche. Ils ont une âme. Et dire qu’il existe des personnes capables de tuer ces êtres. C’est tellement triste de découvrir autant de restes d’arbres morts. J’ai alors commencé à honorer et resignifier la vie et la nature.”
En insérant des seins aux Karuaras, l’artiste attire l’attention sur le pouvoir féminin, le courage de vivre à cœur ouvert, fidèle à ses rêves.